Le succès de BeReal - dont la longévité est encore incertaine - est fréquemment attribué à son authenticité et à sa spontanéité, ainsi qu'à sa stratégie de limiter les interactions à des moments spécifiques. Une démarche qui contraste avec la culture toxique du scrolling 'always-on', omniprésente sur les autres plateformes 'sociales'.
Reste que selon moi la prouesse de BeReal réside ailleurs. Le véritable tour de force ? Leur stratégie "engage-to-play". En rendant l'accès aux publications des amis dépendant d'une contribution personnelle, cette approche a tranché de manière significative à un moment où les autres réseaux sociaux étaient saturés de lurkers, ces observateurs passifs qui ne s'engagent jamais activement. De plus, cette stratégie a initié une nouvelle dynamique : le contenu partagé par d'autres devenant le moteur des interactions, favorisant un glissement de l'attention du 'moi', de l'égo, vers l''alter', l'autre.
Cette nouvelle dynamique trouve écho sur d'autres sphères sociales, notamment sur LinkedIn. La plateforme de Microsoft a récemment mis en œuvre deux changements majeurs. D'une part, elle a rehaussé le rôle des commentaires, autrefois considérés comme accessoires, en autorisant l'ajout d'éléments multimédias et, dans certains cas, en transformant des commentaires en publications à part entière. D’ailleurs, une astuce bien connue des community managers consiste a placer le lien d'un article dans un commentaire, afin d’augmenter significativement son reach (pour plus d'informations, consultez cet article).
D'autre part, le développement des articles collaboratifs sur LinkedIn reflète cette tendance vers une interaction moins autocentrée.
Et puis il y a aussi ID d’Amo, le nouveau réseau social développé par les fondateurs de Zenly. Le concept ? Sur ID, l'interaction se fait par le dépôt de contenu varié - des mèmes aux photos, en passant par des autocollants, des dessins et des textes - sur les "boards", ou profils, des autres. En bref, ID privilégie un contenu impulsé par la communauté, promouvant ainsi un modèle qui non seulement renforce l'interdépendance sociale, mais encourage également l'émergence d'une identité sociale composite… plus authentique ?
En tout cas, de son côté, Instagram s’active aussi pour développer plus de features collaboratives.
Ce qu'il faut retenir de tout ça ? Pour les marques, le nouvel enjeu réside dans leur section commentaires et dans la mise en place de stratégies résolument plus collaboratives. Il ne s'agit plus simplement de répondre ou de modérer, mais plutôt de valoriser chaque interaction, de co-créer, de remixer. Cette dynamique s'inscrit d’ailleurs dans le cadre d'un renouveau de l'influence marketing, qui, malgré quelques revers en 2023 - à l'image de la kabbale numérique contre les influenceurs menée par le rappeur Booba - se redéfinit, encouragé par les nouvelles règles établies par la loi n° 2023-451 du 9 juin 2023 pour encadrer l'influence commerciale et prévenir les dérives sur les réseaux sociaux. Cette évolution est d'autant plus pertinente au regard du choix de 'authentic' comme mot de l'année 2023 par le Merriam-Webster, un terme qui semble destiné à influencer fortement les stratégies de marque en 2024 et au-delà...
MD
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