La Covid, un catalyseur d'initiatives ? Sans aucun doute. Dans mon cas, cela s'est traduit par le lancement d'une newsletter axée sur les tendances consumer et tech. Un “side project” qui a pris une ampleur inattendue avec désormais 10.000 abonnés, +23.000 si on compte la version internationale.
On dit que l’écriture est un voyage introspectif et dans une certaine mesure égoïste. Dans mon cas, j’ai démarré ce projet pour canaliser une conscience qui ne dort jamais, pour déconstruire un certain nombre de certitudes, les décortiquer et nourrir de nouvelles pistes de réflexion, de nouvelles énigmes. Bien sûr, il y a là aussi une étincelle de passion, de celle qui consume et éclaire à la fois, un feu sacré semblable à celui que Jerry Seinfeld décrit avec ferveur.
“Je suis complètement obsédé. Et le public veut cela ; il paye pour ça. Je ne veux pas voir quelqu'un qui est à moitié intéressé (...) C'est tout ce qui compte pour moi. Je me fiche de ce que vous faites : je veux juste voir des gens, leur parler et être entouré de personnes passionnées.”
— Jerry Seinfeld
Je profite donc de ce cap symbolique des 10K pour partager avec vous quelques réflexions autour de l’aventure que représente cette newsletter qui me tient tant à cœur.
Ecrire, c'est tailler dans le superflu : une vérité qui se révèle pleinement à travers la pratique régulière de l'écriture.
Moments d’interpellation inexpliqués : avez-vous déjà été captivé de façon inexplicable ? Peut-être par une publicité dans le métro, une phrase surprise dans une conversation, ou un simple geste. Des instants qui marquent, sans raison apparente. Je crois qu'il arrive que notre inconscient capte des messages dont le sens nous échappe sur le moment. Mon conseil ? Notez ces instants d'éveil. La joie de relier les points plus tard sera immense. Cette réflexion rejoint celle d'Henry Bernstein, qui voyait dans l'intuition 'l'intelligence en excès de vitesse'.
Facile à lire, difficile à oublier : cultivez votre USP (Unique Selling Proposition) ! Inventez des concepts ! Soyez “contrarian”! En bref, osez oser !
La valeur ajoutée, c’est vous : une newsletter est un média incarné. Vos lecteurs ne veulent pas lire un énième article ; il veulent se plonger dans vos pensées.
Mon ami ChatGPT : ne le sollicitez pas pour écrire à votre place : invitez-le plutôt à vous mettre au défi. Encouragez-le à adopter un rôle critique, à analyser et à questionner votre article. Poussez-le à vous inciter à dépasser vos zones de confort, à identifier les angles morts de votre réflexion. Et par-dessus tout, cherchez à comprendre.
La croissance, une trajectoire non linéaire : il m'a fallu deux ans et demi pour atteindre 5.000 abonnés. Puis seulement 14 mois pour doubler ce chiffre. Plus qu'une vertu, la patience est un levier de succès à long terme.
Écrire, c'est bâtir des ponts : entre les idées certes, mais aussi avec vos lecteurs et les mondes qui vous entourent. De quoi étendre votre “surface of luck”, vos chances d’explorer de nouveaux horizons pour saisir de nouvelles opportunités.
Cultiver l'inspiration : routine + échéance = une réponse créative. Le b.a ba de la psychologie cognitive.
Ecrire c'est difficile… mais toujours moins que de vivre avec le spectre d’une idée non structurée qui tourne en boucle dans son esprit.
Faux consensus, vrai piège : un sujet “vu et revu” peut être revitalisé par une vision fraîche : la vôtre. La tâche n'est pas tant de voir ce que personne n'a encore vu ; mais de penser ce que personne n'a encore pensé, à propos de ce que tout le monde voit.
Le double je(u) de la traduction. Dans l'univers des newsletters bilingues, la traduction ne se contente pas de transposer un texte ; elle l'adapte. Pour reprendre les mots de l'essayiste Paul Vacca, elle se révèle être “l'art de l'infidélité”. Et peut-être offre-t-elle aussi cette seconde chance : celle d’intégrer les premiers retours pour affiner - encore - sa pensée avant la deuxième publication.
La métrique clé ? Le saint graal ne réside pas dans les ouvertures multiples ou les likes. Trop facile. Ce qui importe c’est le nombre de devices ouvrant votre contenu depuis le même email, signalant très souvent un repartage, soit un engagement actif.
Temporisez : si l'empressement à publier un article naît de la peur que quelqu’un dégaine avant vous, cela signifie probablement que votre analyse n'est pas suffisamment solide. En somme, “quand il y a un doute, il n'y a pas de doute”.
Dormez sur vos écrits : une nuit transforme souvent un point final en virgule créative.
Distraction réfléchie : Peaufiner un article va au-delà d’une simple pause pour absorber l’info ; ça implique de changer d’air, littéralement. Il est bien établi qu'une promenade peut débloquer les idées et clarifier l'esprit. Et puis, au-delà de vous faire bouger, certaines activités comme la danse, stimulent simultanément diverses fonctions cérébrales : conscience musicale, mémoire du mouvement, de l’improvisation, prise de décision dans l'action. En bref, cultivez l’esprit sportif, mais avec esprit.
C’est quoi un bon contenu ? Assurément ni le plus court, ni le plus long ou le plus illustré. C’est celui qui est capable de semer de petites graines dans d'autres esprits.
L’excellence : votre meilleur article est toujours celui à venir.
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La prochaine étape ? Dans ce monde en mutation, le succès dépend de notre capacité à nous adapter et à innover, bien plus que de nos savoirs existants. Notre véritable potentiel réside dans notre agilité, non dans nos compétences actuelles.
Cela me conduit à penser que le futur de la newsletter est sur le point de subir une transformation radicale, évoluant vers une expérience plus personnalisée, du one-to-many au one-to-one. Dans l’absolu, j'aimerais vous offrir un accès à ce que j'aime appeler mon "second cerveau". Non plus le classique envoi hebdomadaire auquel vous êtes habitués, mais plutôt une invitation à explorer - à votre rythme - tout ce que j'ai à partager, en temps réel, ou presque. Imaginez cela comme une bibliothèque vivante de mes réflexions, un peu à la manière dont Dexa entend réinventer l'accès aux podcasts...
Nous n'y sommes pas encore, l'outil parfait reste encore à trouver… Mais l'idée est là, bien ancrée dans un coin de ma tête. Dans tous les cas, un grand merci à vous tous pour votre soutien continu !
MD
mais que s'est-il passé début 2023 ???
En tant que nouvelle dans ce monde des newsletters, je lis toujours avec intérêt la vôtre qui sort des sentiers battus. Cette édition m'a particulièrement marquée, car je me reconnais dans certaines de vos pensées et j'adore décidément ce que l'écriture peut faire de nous.
Quant à Doxa, j'ai testé et c'est vraiment un outil incroyable, le genre d'outil dont on rêve de faire soi-même.
Merci et bonne continuation !