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Infobésité, “FOMO” ... pour gérer la pléthore de données qui transitent sur la toile et n’en louper aucune de vitale, la curation s’est imposée comme une solution miracle. Mais sommes-nous vraiment de bons curateurs ? Avons-nous créé les bons outils, les bons process ? Que faisons-nous pour rendre notre curation viable et actionnable ?
Infobésité et engorgement des interfaces
Posons le contexte, et d’abord une définition by DefinitionsMarketing : “La curation est la pratique qui consiste à effectuer une veille sur un domaine d'activité donné puis à sélectionner l'information considérée comme pertinente avant de la proposer de façon claire et organisée à une audience cible.
Traduction : il s’agit de mettre en évidence les pépites détectées dans les replis cachés du web et des réseaux sociaux, histoire de flairer la prochaine tendance, de se positionner en early adopter dans le vent et de capter des followers. Du coup, tout le monde scrolle, swipe et cure, engorgeant les interfaces dédiées à ce nouveau hype happy hobby … ce qui alimente un peu plus l’infobésité ambiante, qui, déjà bien boostée par la digitalisation à marche forcée d’une société frappée de pandémie, continue sa foudroyante ascension.
Jugez-en par vous-même : dans le sillage du confinement, le live-stream et les sessions de replay ont pris leur essor, et continuent de séduire ceux qui se sont convertis au télétravail, ou les entreprises menacées de reconfinement en catastrophe suite à un second pic de contamination. Les plus aguerris font appel à des outils de transcription pour générer des CR de ces meetings digitaux. Mais le réflexe général est de stocker tout ça allègrement via Zoom et consort ... pour finalement ne jamais les visionner.
Outils verticalisés = curateurs heureux ?
Face à cette inévitable surcharge informationnelle, le marché s’adapte, les outils se diversifient et se verticalisent pour servir au mieux la curiosité de tout un chacun, clarifier la collecte des curateurs les plus zélés, la restitution de leurs data cueillettes à leurs communautés. Sites dédiés, podcasts, groupes de messaging apps, newsletters, il y a de quoi faire pour rendre un curateur heureux, même si certaines catégories sont à mon sens plus efficientes que d’autres
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Curation à la mode
Une prolifération d’outils destinés à mieux curer donc … et qui initie des usages inédits.
Ainsi la “newsletter discovery” a le vent en poupe. Letterlist ou Learn From Makers, certains services misent sur une approche éditoriale très qualitative pour humaniser l’auteur derrière la newsletter. D’autres comme Mereku développent un système de soumission et de curation à la Reddit avec un système de upvote pour faire émerger les meilleures newsletters. L’approche est assez similaire d’ailleurs à celle de Letterdrop qui, grâce à des curateurs validés, propose de vous envoyer chaque jour ou chaque semaine les “meilleurs drops” en se concentrant sur une édition de newsletters plutôt qu’une newsletter au sens général.
La collecte des meilleurs liens est aussi très tendance. Citons Poop Supply, initié par un internaute pour collecter les liens partagés par ce qu’il qualifie comme étant les meilleurs comptes sur Twitter. La newsletter de The Pudding baptisée “Winning the Internet” est faite de liens les plus fréquemment partagés dans d'autres newsletters ; actuellement, elle s'approvisionne auprès de 105 newsletters qualifiées comme étant les meilleures sur le marché.
La curation des liens suppose une approche statique ; bien souvent, dans une démarche efficiente, seuls certains passages sont marquants, c’est pourquoi, à titre personnel, je privilégie les démarches permettant d’extraire les snippets, de mettre en exergue certains passages. J’apprécie les outils qui surlignent le texte pour valoriser les extraits les plus importants. Annoter le web n’a rien de nouveau mais on assiste actuellement à la multiplication d’extensions Chrome dédiées. Google s’appuie sur une nouvelle fonctionnalité ajoutée à Chromium ; Fragments de texte permet de créer un lien vers une portion de texte définie dans une page web. Il s’agit de la même technologie utilisée pour créer des liens vers des parties spécifiques d’une page Web dans les résultats de recherche.
Quant aux podcasts, on assiste à une explosion d’apps de snippets audio qui valorisent les temps forts de podcasts pour les sauvegarder ou les partager plus facilement. Outre TL;DL, Shuffle a intégré la génération d’un script automatique facilitant la curation des passages pertinents. TapTapes ajoute votre voix aux extraits que vous avez sélectionnés pour adopter une approche beaucoup plus conversationnelle.
Rendre sa curation actionnable
Sympa, n’est-ce pas ? Avec néanmoins une problématique : tous ces outils permettent-ils de mener à bien une véritable curation ou in fine s’agit-il juste d’agréger des contenus ? Car si la curation, c’est “sélectionner, éditer et partager les contenus les plus pertinents”, ne s’agit-il pas de gagner du temps en opérant une synthèse intelligente de tout ce contenu afin de lui donner sens ? Dans un article paru sur Medium, Gaby Goldberg explique que “les curateurs sont les nouveaux créateurs”. Elle ajoute : “on a le contenu. Maintenant, la question devient : qu’allons-nous en faire ?” Excellente question ! Car, avec ou sans outils, les démarches manquent bien souvent de ces deux éléments indispensables :
Faire émerger le bon contenu au bon moment, autrement dit la capacité de chercher à sa guise les meilleures infos sur un sujet donné. Combien de fois avez-vous repéré une remarque intéressante, pour ne plus la retrouver trois semaines après ? Les curateurs poussent un contenu en un instant T qui ne correspond pas forcément au besoin du lecteur au même moment. La question est donc : avons-nous construit la bonne infrastructure ?
La bonne méthodologie pour assimiler, retenir et surtout rendre actionnable cette curation. L’apprentissage est ici un point clé. Je vous invite à lire l’article “Looking for Syllabus 2.0” qui s’intéresse justement à la façon dont la curation peut créer une nouvelle façon crowdsourcée d’apprendre en gagnant du temps, à partir des meilleurs extraits de contenus. L’idée est de créer un nouveau framework qui soit actionnable. Voici un exemple proposé dans cet article que je vous joins ici :
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Cette démarche peut également s’observer en université. Un professeur partage son cours en Google Doc. Tous ses étudiants peuvent l’enrichir en posant leurs questions. C‘est à la classe de répondre, d’ajouter des snippets (audio, texte et vidéos). L’enseignant intervient en faisant la synthèse de toutes ces données, en les nuançant, en rebondissant sur les remarques des élèves. Le professeur a reconnu que le niveau global de la classe par enrichissement collectif avait performé aux examens (vs. les années précédentes) et l’écart-type s’était réduit - i.e. le collectif est meilleur et les individus composant ce collectif sont meilleurs. Autre exemple, en entreprise cette fois : les documents d’onboarding peuvent être enrichis via Clips / Highlights / Snippets pour coller avec la culture d’entreprise et les individualités !
Monétiser son deuxième cerveau digital
J’en viens donc à une nouvelle catégorie d’outils pour horizontaliser le processus de veille. Un secteur en devenir, où l’on trouve : Roam Research, Notion, Obsidian et bien d’autres à découvrir ci-dessous (3ème et 4ème section du tableau). Leur particularité ? Vous permettre de tout stocker dans un deuxième cerveau digital afin de retrouver les infos, les idées, les remarques facilement et, selon les outils, d’aller au-delà pour créer des relations entre ces contenus stockés de manière beaucoup plus intuitive.
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Récemment, Nat Eliason a détaillé dans un article son process pour rendre une écoute de podcasts actionnable et efficiente. Concrètement, il utilise Airr qui permet de générer un transcript et de créer des annotations à partir d’un doc audio ; on peut également accéder aux “snippets” des autres utilisateurs de la plateforme. Eliason utilise ensuite Readwise qui exporte automatiquement ses contenus vers Roam Research où il stocke l’information et crée des relations… le tout favorisant un meilleur apprentissage.
Nat Eliason a d’ailleurs flairé l’opportunité business de sa démarche. Il monétise depuis quelque temps déjà l’accès à une portion de son deuxième cerveau digital en donnant accès à ses 250 notes de livres. Le pitch sur son site est clair : “Si vous alliez acheter tous ces livres, vous paieriez environ 3 000 dollars. Si vous passiez ensuite 3 à 6 heures à lire chaque livre et 1 à 2 heures à prendre des notes, il vous faudrait entre 800 et 1 600 heures pour recréer tout cela.” Combien coûte l'accès à vie à cette manne cérébrale? 25 dollars.
Est-ce que ça marche ? Visiblement, oui. Dans la newsletter RadReads datée de juillet 2020 (Si vous n'êtes pas encore abonnés, vous devriez !) Khe Hy, graph à l’appui, dresse les résultats :
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32 200 dollars de revenu pour un carnet Evernote des notes de lecture de Nat Eliason ! En avril 2020, il récoltait 3 220 $, son meilleur mois. Il génère plus de 1 000 $/mois depuis novembre 2019 et plus de 500 $/mois depuis décembre 2018.
Que retenir de tout cela ?
Le curateur est promis à un bel avenir pour peu qu’il se penche sérieusement sur ses process, ses outils et accompagne ses communautés pour un meilleur apprentissage.
N’est pas curateur qui veut : pour répondre à un post sur hacker news qui demandait quel est votre meilleur “rabbit hole” (en gros le terrier où aller creuser pour trouver du contenu rare et qualitatif), un utilisateur a posté une liste de ressources particulièrement riches en insights ; un autre lui a répondu : “afficher une liste comme celle-là sur un site comme celui-ci revient à distribuer des sacs d'héroïne dans une école”. Un peu abrupt mais le message est clair. Tout le monde n’est pas à même de curer convenablement et utiliser a sa juste valeur le fruit de ce travail.
L’enjeu est donc là. Dans un contexte inédit d’accélération des notions à appréhender, de compétences à régulièrement mettre à jour, de tendances émergentes au quotidien, le curateur est en train d’incarner un nouveau type de professeur, qui nous accompagnera pour assurer notre compétitivité dans un monde ô combien incertain.
MD
PS : Un grand merci à Jean-Noël Chaintreuil et Prakhar Shivam pour leurs précieux inputs.
💎 Snippets, curiosités et autres coups de cœurs
📚Un livre à lire en rapport avec cet article ? How we learn de Benedict Carey. Le meilleur livre sur le marché pour apprendre à apprendre. (je ne fais pas d’affiliation et ne prends donc aucune commission, si vous achetez ce livre via ce lien).
🧐Visionary Pass : pour “infuser de la magie dans votre marque”
📺La vidéo “Thinking through Images”.
📺Le Ted Talk de Margarett Heffernan (15 minutes) sur les compétences humaines à avoir dans un monde imprévisible.
👀Ces sociétés qui aident les personnes à disparaître.
🌟Comment fonctionne l’emmerveillement.
Le tweet de la fin…
Bonjour, je vous conseil flint qui est également un outil proposant une bonne curation mais aussi une recherche de l'origine de l'information.
Merci pour cet article ! Existe-il un site recensant les newsletters en français en les classant par catégories ? Je trouve que la curation de contenu manque souvent d'un moyen simple pour trier par langue (j'avais mis en ligne https://mediumino.fr/ pour résoudre ça pour les articles publiés sur Medium)