L'échappée, c'est à la fois une fuite et une quête. En cyclisme, elle symbolise l'audace, le moment où des coureurs quittent le peloton pour la victoire. En architecture, c'est une perspective, reliant l'espace clos à l'infini. En littérature, elle représente la rupture à travers les mots. Et, surtout, elle est un voyage vers l'inexploré.
Autrefois, l'inexploré était invisible, mais doté d’essence. Aujourd'hui, cette essence est sujet à débat. Les deepfakes nous engloutissent dans les profondeurs du faux tandis que les réalités alternatives emergent au-dessus de ces abysses, ouvrant de nouveaux horizons à explorer.
Illustration par l'exemple : Le “fake OOH” (Out Of Home) est une technique publicitaire utilisant la CGI (imagerie générée par ordinateur) pour créer des vidéos hyper réalistes. Ces vidéos, qui semblent intégrées dans des environnements extérieurs, vivent en réalité en ligne, mêlant fiction et réalité et transformant ainsi la narration visuelle.
Ian Padgham, Californien établi à Bordeaux, en a fait son vignoble créatif. Dans son univers, le Big Ben se métamorphose en Big Bend, la voiture de l’inspecteur Gadget prend vie pour Hyundai, tandis que le métro New-yorkais arbore des cils pour une campagne de Maybelline. Padgham décrit ses créations comme des vidéos poétiquement surréalistes.
Fascinant, n'est-ce pas ? Et nous n'en sommes qu'au début. Face aux vidéos CGI, le monde réel semble réagir en embrassant lui aussi le surréel, mais d'une manière tangible et bien réelle. L’hyperphysicalité. Comme l'explique Loïc Prigent lors du dernier défilé Rick Owens, “Les bottes gonflables, spectaculaires, ainsi que ces cocons, érigés en réaction à l'hyper-violence du monde, se transforment en véritables refuges. (…) Et au cœur de cette métamorphose, nous nous drapons de doudounes Anubis, car nous sommes des dieux égyptiens.” Le tout se déroulant dans les anciens bureaux de François Mitterrand, qui, de là-haut, appréciera sans doute “l'hommage”. Ou pas.
Dans ces deux exemples, nous assistons à une réponse au monde saturé. Ces œuvres deviennent des métaphores de notre quête du merveilleux dans le quotidien, nous invitant à redécouvrir la poésie dans l'environnement qui nous entoure.
Cette échappée digitale pourrait bien reformater certains éléments. Dans l'univers numérique traditionnel, nous naviguons entre deux courants dominants : le “push” et le “pull”. Le “push”, c'est le règne des algorithmes qui nous guident, souvent de manière insistante. Le “pull”, lui, se manifeste quand nous partons en quête d'informations, en utilisant des moteurs de recherche ou des interfaces de type ChatGPT. Cette dynamique bipolaire a fini par nous plonger dans un état de lassitude mentale, une surcharge cognitive et un épuisement profond.
En contraste, le concept que j’ai baptisé “pulse”, émerge comme une forme d'interaction plus naturelle, plus en phase avec notre rythme humain. Imaginez un réseau social où la musique sélectionnée par vos amis vit discrètement sur l'écran d'accueil de votre téléphone. Ce mode d'interaction n'est ni aussi exigeant que le “pull”, ni aussi envahissant que le “push”. Le “pulse” utilise des “glimmers”, des signaux subtils et délicats, en contraste avec les “triggers” plus abrupts. Ces “glimmers” enrichissent notre expérience de manière discrète, créant une présence constante mais jamais envahissante, qui respecte notre espace personnel tout en nous apportant des informations qui nous font “pulser”.
Vous me suivez jusqu'ici ? Il est vrai que cela peut sembler encore un brin conceptuel. Projetons-nous un peu plus dans le futur. Un futur où nous serons probablement tous équipés d’un assistant personnel intelligent qui nous connaîtra parfaitement. Ce sera notre garant, notre filtre, notre garde-fou face à un brouhaha ambiant colossal. Sa particularité dépassera le simple “push” et “pull”, s'orientant plutôt vers le “pulse”. Cet assistant, anticipant nos besoins, mettra l'accent sur ce qui mérite notre attention, réaffirmant l'importance de ce qui fait vibrer l'âme humaine. Ainsi, bien que le monde évolue, il nous rappelle que nos besoins fondamentaux restent, eux, inchangés.
MD
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Nutri-score de l'article : fait maison, mais l'IA me souffle parfois pour élaguer le gras.
C’est sans doute pour cela que vous êtes de plus en plus nombreux à vous abonner - Merci :)
La newsletter de Marie, un autre exemple d'une approche pulse !!!
Est ce que le pulse serait l’analyse du contexte pour proposer, le graal du one to one ? Si c’est cela ce n’est toujours pas pour maintenant 😜 anticiper un besoin, il faudra un LLM bien entraîné sur une personne pendant des années pour bien le connaître 😂 peut être dans 10 ans, à suivre