Qu'est-ce qui détermine la qualité d'un contenu ? À une époque, une belle écriture et une plume singulière pouvaient suffire. Mais les temps ont changé. Certains associent la qualité à la viralité du contenu. Pourtant, la viralité est souvent le reflet de tendances éphémères, comme en témoignent les fluctuations de modes sur TikTok.
La nouvelle vague de Content Shock, propulsée par la montée en puissance d'outils comme ChatGPT & Co, redéfinit les critères d'excellence dans la création de contenu. Dans le paysage médiatique actuel, l'accent est mis sur une approche plus personnelle et humaine. Cette tendance se manifeste de différentes manières, allant de la valorisation des contenus générés par les utilisateurs (UGC) à la montée en puissance du format audio, en passant par la multiplication des newsletters incarnées. Parfois, cette touche humaine est aussi subtile qu'une annotation dans un PDF ou un article présenté comme un Google Doc, rendant l’expérience de lecture plus intime.
Paradoxalement, le déploiement de la technologie peut aussi servir de reflet à cette humanité. Des techniques telles que les infographies interactives, le journalisme en réalité augmentée et la narration en 3D mettent en avant l'intention et l'effort, les démarquant des contenus générés par l'IA produits en masse, faciles et bon marché.
Cependant, dans un monde où l'IA progresse de façon vertigineuse, reproduisant souvent le comportement humain avec une précision déconcertante – comme illustré par l'évolution des deepfakes –, l'avenir des médias semble se diriger vers quelque chose de plus tactile, de plus... palpable.
Un exemple frappant ? Le média NiemanLab a mis en lumière comment certains journalistes utilisent la laine et le crochet pour métamorphoser des informations, telles que les variations de température ou les retards de trains, en infographies tangibles. Ils explorent ainsi la texture et la matière d'une façon que le numérique ne peut égaler. C'est là toute l'essence de l'hyperphysicalité !
Ce phénomène se décline de multiples façons. Highsnobiety, adepte des pop-up stores, symbolise cette vague, incarnant le "Zeitgeist" actuel. Monocle suit le mouvement, avec l'ouverture d'un point de vente éphémère à l'aéroport de Zurich en 2022. À Berlin, le café Cee Cee s'est transformé en carrefour urbain, suite à une occupation de six mois orchestrée par une newsletter locale. De même, Netflix s'est aventuré sur ce territoire en lançant un restaurant éphémère, proposant des plats inspirés de leurs séries. Le monde de l'édition n'est pas en reste : Esquire a évoqué une "merch-ification", une tendance stimulée par BookTok et Bookstagram qui redéfinit la promotion des livres. Les éditeurs élaborent désormais avec finesse des campagnes promotionnelles complexes, mariant leurs titres à des articles griffés, des collections thématiques et des coffrets RP soigneusement composés.
Ce mouvement vers le tangible marque peut-être une transition du "storytelling" au "storyliving" – un pas au-delà de la simple narration pour nous immerger et nous faire acteurs de ce media modus vivendi. Ne serait-ce pas également une nouvelle voie pour nous rapprocher les uns des autres, au-delà des pixels ?
MD
Hyper intéressant, comme toujours :)
Je ne vois pas comment l'humain pourrait se passer d'expériences palpables.
Certaines innovations de rupture comme l'IA peuvent être fascinantes et créer un FOMO ou une excitation même saine, mais de là à annihiler totalement les besoins charnels, sensoriels et physiques de la nature humaine, je n'y crois pas !