En 2021, Statista estimait à 3,09 milliards le nombre d'utilisateurs de téléphones mobiles ayant utilisé des apps de messagerie pour communiquer. Le chef de file ? WhatsApp suivi par WeChat, Messenger, QQ, Snapchat et Telegram. Forts de cet engouement, ces derniers multiplient les fonctionnalités pour créer des positionnements à la fois plus fun et plus utilitaires. Et que dire des petits nouveaux qui renouvellent le genre de façon assez radicale ? Un nouveau Big Bang se prépare en coulisses, et je vous dis tout.
Du chat enrichi au multidimensionnel.
Qu’il est loin le temps où nos communications se résumaient à du simple texte ! Images, gifs, émoticônes, stickers, ou memes se sont infiltrés dans nos fils de discussion pour créer une langue vernaculaire numérique. Ce nouveau vocable devrait continuer à se ponctuer de sons et autres features, à l’image des soundmojis et des wordeffects (ndlr. du texte animé) sur Messenger ou encore des doodles et des stickers sur-mesure proposés par Viber. D’autres outils devraient également permettre de personnaliser davantage les communications, comme HiNote qui remet au goût du jour la papeterie numérique ou YouGiver qui permet d’envoyer un cadeau digital via les messageries. Avis aux early-adopters : grâce à l’application Frenmoji, vous pourrez transformer vos NFT en stickers et memes, et ainsi exprimer différemment votre identité dans vos chats. Bref, toujours plus de fine-tuning pour des échanges plus visuels, plus interactifs, plus différentiels.
Mais il y a plus grand. Prochainement, nous devrions en effet assister au développement du “human messaging”, à savoir une forme de discussion beaucoup plus immersive. Sur ce segment, plusieurs start-ups s’illustrent déjà. Ainsi, la plateforme 2mee - encore en mode beta - a été conçue pour proposer tout ce qu'un studio volumétrique peut faire et pourra bientôt vous permettre de délivrer vos messages via votre hologramme. L’objectif ? Aider les entreprises et les marques à créer un lien émotionnel plus fort avec leurs consommateurs. D’autres jeunes pousses telles que Beem, nextech AR (ARitize Holograms) ou encore Volograms, même si elles ciblent davantage les métavers que les messaging apps, entendent donner vie au concept de téléprésence. En 2020, Meta a d’ailleurs déposé un brevet "Conversations 3D dans une réalité artificielle" qui devrait permettre de générer des versions 3D de soi-même pour passer des appels vidéo.
Show devant : place à l’entertainment !
Le développement fulgurant des métavers et de leurs usages devrait aussi se répercuter dans nos messaging apps. Après les bitmojis de Snapchat ou encore les avatars de Facebook et Tiktok, ces derniers devraient bientôt débarquer sur WhatsApp et consorts. Reste à savoir quelle expérience sera proposée…
Pour sa part, l’application britannique vTag vous permet de créer un avatar en 3D que vous pourrez, grâce à la réalité augmentée, faire évoluer et immortaliser dans le monde réel pour alimenter vos réseaux sociaux. Une manne pour un secteur de la digital fashion en plein essor.
On pourrait également assister à de nouveaux modèles hybrides de metavers messengers à l’image du concept de CommChat où les utilisateurs peuvent à la fois chatter dans le monde réel tout en vivant dans le métavers. Bref, une forme de double monde gamifié. C'est aussi, dans une certaine mesure, ce que propose le développeur de jeux Niantic avec son application de messagerie Campfire, lancée en mai denier. Si le principe laisse quelque peu circonspecte la Millennial que je suis, force est de constater que les lignes entre réel et virtuel se brouillent indubitablement et qu’il y a, de manière indéniable, des usages à créer (et à préciser !). Ce qui est certain, c’est qu’un accent fort sera mis sur le divertissement avec l’ajout de mini-jeux afin d’enrichir les expériences de chat entre famille et amis.
Chat-in/Chat-out pour du néo shopping.
Et si les applications de messagerie devenaient le point de départ de toute navigation internet ? “Dans un avenir proche, nous aurons des mini-sites web ou des mini-programmes qui fonctionneront au sein des applications de messagerie, comme c'est déjà le cas pour WeChat. Les app comme WhatsApp, Messenger ou Telegram deviendront les nouveaux Chrome, Mozilla ou encore Internet Explorer” prédit Marc Caballé, le fondateur de Hubtype, une société qui développe des applications conversationnelles tout-en-un pour les canaux de messagerie.
C’est d’ailleurs ce qui se passe depuis plusieurs années en Chine avec l’application couteau-suisse WeChat alors que les premières itérations s’observent déjà hors de l’Empire du Milieu.
Parmi les exemples européens, citons la marque allemande de mobilier durable Woodboom qui a intégré des onglets de chat-in WhatsApp en haut à droite sur sa page d’accueil, sous chaque fiche-produit ainsi qu’en guise de call-to-action sur ses articles. Le dispositif est marketé comme la possibilité de parler au fondateur, Mischa. Une fois les shoppers redirigés dans WhatsApp, les agents de Woodboom sont formés pour vendre leurs produits à un niveau très personnel. Enfin, une fois toutes les interrogations levées, une fonctionnalité baptisée chat-out permet de passer à la caisse directement depuis le chat. La cerise sur le gâteau ? Au cours du processus de vente, des informations utiles sur le client sont stockées afin de permettre aux agents de reprendre contact de manière à la fois proactive et personnalisée. Un parcours fluide et ad hoc rendu possible par Charles. Cette start-up disposait initialement d’une marque de vêtements dotée d’un service d’assistance au shopping via WhatsApp : riche de ses propres enseignements, elle a fini par pivoter pour créer un véritable logiciel conversationnel au service des marques.
Autre exemple encore plus poussé : en Inde - champion mondial du nombre d’utilisateurs de WhatsApp - il est possible de faire ses courses alimentaires chez JioMart directement depuis l’app grâce à une expérience d’achat cryptée de bout en bout.
Keep my data safe.
À l’heure où les hacks et autres piratages se multiplient, la sécurité des données personnelles devient un enjeu de premier plan. De quoi inspirer celles et ceux qui se posent en alternatives de WhatsApp & co avec, pour promesse principale, la garantie de conversations ultra sécurisées. Session, Threema, Elixxir, Olvid, Unit 661, Berty ou encore Signal - la plus connue, merci Elon ;) : l’offre est aussi pléthorique que complexe pour les néophytes.
Parmi les points-clés : le cryptage de bout en bout des messages. Et attention aux subtilités ! Par exemple, si WhatsApp chiffre le contenu de vos messages, cela ne s’applique pas aux métadonnées. Autrement dit, l’app collecte et conserve les numéros de téléphone impliqués dans une conversation, la date ou encore l’heure des messages, etc. Autant d’éléments qui peuvent en dire long sur vous.
Autre point à surveiller : la possibilité de s’inscrire de façon 100% anonyme, sans adresse mail ni téléphone. Récemment, Signal - qui demande un numéro de téléphone pour s’inscrire - s’est fait hacker par ce biais, exposant les numéros de près de 1 900 utilisateurs. Par ailleurs, il est important de savoir sur quel serveur fonctionne chaque service de messagerie et de s’assurer que ce dernier ne stocke pas les messages. La juridiction de laquelle dépend l’app est également un sujet-clé dans la mesure où la plupart des services de messagerie sont américains et que la CLOUD Act autorise les autorités US à accéder aux données des fournisseurs de services informatiques nationaux et ce, même si ces données ne sont pas stockées aux États-Unis. Sans compter que ces apps ne sont pas vraiment RGPD compliant : Signal par exemple, n'est pas conforme aux articles 27 et 28 du règlement…
Comme l’explique Sarah Bouchkouch de l’application de messagerie sécurisée Suisse Threema : “La cryptographie et les algorithmes, c’est un peu comme le vin, ça se bonifie avec l’âge. Il faut des années et foultitude de tests avant de pouvoir dire qu’un algorithme cryptographique est solide. Chez Threema, c’est le cas, notre dernier audit qualifie nos standards de sécurité “d’anormalement solides" et c’est ce que recherchent nos utilisateurs: sécurité et protection de leurs données.”
Fun fact : Threema, au-delà de proposer des standards de sécurité et de protection des données parmi les plus élevés du marché, a récemment connu un regain d’intérêt de la part des internautes américains. La raison du buzz ? Le lancement, cet été, de la série “The Terminal List” sur Amazon Prime qui vante les mérites de l’app dans l’une de ses scènes. Un pur hasard, les internautes se sont même demandés si l’application était bien réelle ou de la pure fiction. Résultat : en juillet dernier, Threema a connu un pic avec 246.000 requêtes sur Google, soit quatre fois plus que le mois précédent.
Wallet-to-wallet messaging.
Aujourd’hui Discord est l'application de chat de prédilection de la communauté Web3, des projets NFT aux communautés DAO. Le problème ? La sécurité. Pour preuve : les attaques de type phishing, ciblant notamment les projets NFT, sont devenues monnaies courantes. Aussi, les utilisateurs de crypto-monnaies sont à la recherche de solutions qui vont leur permettre de communiquer de manière crypto-native, sans avoir à utiliser des solutions web2. Ils sont à la recherche d’applications de messagerie qui vont leur permettre de communiquer avec l'acheteur ou le vendeur d'un token ou d'un NFT sans avoir à les connaître personnellement. Ils veulent aussi pouvoir se connecter à des groupes en fonction de leurs avoirs en crypto-monnaies et des NFT qu'ils possèdent de manière vérifiable. Cela conduit donc à la création de nouveaux produits de crypto-messagerie, tant au niveau de la couche applicative que de son infrastructure centrale.
Un phénomène explicité par Mercedes Bent, consumer VC chez Lightspeed : "Considérez la façon dont nous nous connectons aujourd'hui : Nous contactons d'autres personnes sur LinkedIn en fonction de l'attrait de leur CV pour notre propre agenda et nos intérêts (collègue, prospect de vente, statut). Sur Instagram, nous contactons des personnes en raison de leur esthétique, de leur humour, de leurs amis communs ou de la taille de leur réseau. Nous nous rendons sur Twitter en raison de ce qu'une personne a écrit, des personnes qui la suivent, et ainsi de suite. Dans un monde où la découverte sociale repose sur le contenu du wallet d'une personne, nous nous rapprochons d'autres personnes en fonction de la richesse visible de leur wallet, de leurs achats similaires ou de l'historique de leurs transactions. (...) Les identités polies des wallets pourraient devenir le nouveau profil des médias sociaux.”
Vers des usages plus slow.
La question de la sobriété numérique se pose également. Alors que de nouveaux acteurs en font leur marque de fabrique, à l’image du français Treebal qui se positionne comme la première messagerie éthique et éco-responsable à destination des entreprises, l’ensemble des acteurs va devoir réfléchir à évoluer vers plus d’éco-design. Dark mode pour réduire la consommation d’énergie ou messages automatiquement supprimés pour limiter le stockage des données : la liste des fonctionnalités éco-friendly est longue.
Mais la communication responsable implique aussi de se préoccuper d’une problématique sociétale en plein boom, à savoir celle de la santé mentale des consommateurs. Parmi les pain points, la sur-sollicitation et les notifications intempestives tiennent la dragée haute. Alors que WhatsApp a récemment annoncé la possibilité de filtrer ses discussions pour mieux les gérer, on devrait également assister à l’essor du “silent messaging”, des outils destinés à limiter la pollution sonore. Parmi eux, le “silent exit” - qui permet de quitter un groupe sans notifier le reste des membres - ou les “silent messages” - pour envoyer des messages sans notifications.
On pourrait également voir se développer des concepts encore plus poussés face au stress généré par les fils de discussion. Peur d’employer des termes inappropriés dans certaines situations ? "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde.", disait Albert Camus. Dans ce cas, pourquoi ne pas miser sur des applications capables de transmettre des sentiments autrement que par les mots ? C’est en tout cas le positionnement de l’app de messagerie privée Heallo qui entend digitaliser la minute de silence en remplaçant les textes et les sons par des halos de lumière comme autant de fragments d’émotions à partager à ses proches.
Le développement des technologies haptiques (ndlr. Meta a annoncé cette semaine le rachat de la start-up allemande Lofelt qui reproduit les sensations du toucher grâce à des micro-vibrations) mais aussi des wearable devrait aussi venir enrichir ces expériences conversationnelles plus calmes et, dans la foulée, signer l’avènement des messaging mood apps.
Un dernier exemple pour illustrer mes propos : Happy Ring. À la fois bague connectée, messagerie privée et réseau social, ce modèle hybride permet de détecter le niveau de stress en temps réel grâce à des capteurs biométriques qui mesurent l'activité électrodermale (AED). Une fois ces informations collectées, elles sont partagées automatiquement avec la communauté qui peut dès lors - et si nécessaire - intervenir auprès de l’utilisateur. Les messaging apps, les mental apps de demain ?
MD
Absolument ridicule et hors sol. Personne n'en a rien à foutre du Metavers. Et j'ai plusieurs ados, dégouté du web tout court, des RS, et de la vie online. La tendance va etre un ralentissement technologique et un retour aux bases, aux vraies bases sociales. Pas cette espece d'univers virtuel complètement pourri.
Qui va se faire chier avec des avatars ridicules..
Ce monde devient absolument ridicule dans la course à la connerie..