Quand j’ai commencé à écrire, c’était surtout pour apaiser ce qui bouillonnait. Il fallait que ça sorte. Il y avait de l’urgence, de l’impatience. L’idée pressait. Le mot suivait, parfois de loin.
Puis j’ai découvert le style. L’art de la formule, l’équilibre d’une phrase, la puissance d’une image. J’ai appris à faire briller les mots, à leur donner du corps. C’était grisant. On croit écrire mieux, parce qu’on écrit plus fort.
Beaucoup restent là, sur ce palier. Ils ont dompté le cadre, en maîtrisent les règles, les rythmes, les effets. Mais on n’apprend pas le cadre pour s’y enfermer. On l’apprend pour pouvoir s’en affranchir. Pour qu’une voix, enfin, se révèle : la sienne.
Pourquoi je vous dis cela ? Parce qu’avec l’arrivée de l’IA générative, j’ai l’impression que beaucoup ont sauté des étapes, et se retrouvent directement au niveau des mots qui brillent, mais n’éclairent pas. Trop occupés à se regarder écrire, ou plutôt à regarder la machine le faire à leur place.
Je ne fustige pas l’outil. Ce que je questionne, c’est cette tentation de la surface. Cette illusion qu’un texte bien tourné ferait l’affaire. Cette confusion entre la forme et ce qu’elle est censée porter. Entre l’écriture pleine et l’écriture faite. Car dans cette dernière, il ne se passe rien. Ni pour celui qui écrit. Ni pour celui qui lit.
Moi, j’ai envie de lire quelque chose qui m’arrête. Qui m’oblige à relire une phrase, parce qu’elle contient des mondes. Des mondes capables de me transformer. Ou simplement de me déplacer. De me faire glisser ailleurs, autrement.
Et ces derniers temps, j’ai commencé à revoir ces petites lumières. Elles m’ont rappelé les vers luisants de mon enfance, l’été, autour de la maison de vacances. On pouvait passer sans les voir. Mais quand on savait regarder, ils étaient là.
Regardez quelques exemples ci-dessous :
Et ce ne sont pas juste des posts, c’est des univers entiers…
Parfois, une signature fait office de logo. Elle marque un territoire, affirme une présence.
Parfois, c’est un article qui nous apprend à mieux regarder, à décaler le regard.
Sur le site Raptitude.com, on va un cran plus loin, c’est toute une promesse éditoriale qui se dessine : devenir meilleur dans l’art d’être humain.
Le point commun de ces contenus ? Ils nous touchent. Pas parce qu’ils flattent ou réconfortent, mais parce qu’ils sont habités. Ils ne cherchent pas à faire du bien, ils cherchent à dire vrai. Ce n’est pas du feel good content, c’est du feel touched content. Quelque chose y passe. Quelque chose nous traverse.
La machine donne des mots. À nous de leur rendre leur grain, leur poids, leur âme.
Écrivons non pour produire, mais pour inscrire. Non pour capter, mais pour suspendre - le flux, le bruit, et parfois même, surtout, le souffle.
MD
La machine fait de la rhétorique et uniquement ça...
Toujours un régal(o) - cadeau en italien - de te lire. Merci