"No pain, no gain ?" Ce slogan musclé des années 80, synonyme d'un sport sans merci, est en passe d'être détrôné. Fini l'époque où l'effort physique était synonyme de douleur, et d'efforts intenses pour sculpter un corps conforme aux diktats de la beauté. Nous assistons à un changement de paradigme ! Désormais, la pratique sportive, en particulier le fitness, se transforme en un véritable moteur d'émerveillement, de culture et de resocialisation. Décryptage.
La révolution hi-tech ?
Avec le Covid sonnant le KO des salles de sport traditionnelles, l'ère du digital workout a décollé, dépoussiérant les entraînements en ligne qui avaient jusque-là le charme désuet des VHS fitness des nineties. Dans cette effervescence, les jeux de console ont contribué à gamifier l’expérience, à l'instar de Ring Fit, Instant Sport ou encore Knockout Fitness sur Switch. D'autres start-ups sont allées encore plus loin, misant sur une expérience utilisateur immersive pour se démarquer. Peloton, l'auto-proclamé 'Netflix du bien-être', a réussi à charmer les foules pendant le confinement avec ses programmes sportifs haut de gamme, diffusés depuis son luxueux studio new-yorkais. De son côté, Supernatural, acquis par Meta il y a quelques mois, joue la carte de la VR haut de gamme, masquant l'effort derrière le fun.
Pour autant, il serait précipité de considérer ces innovations comme le nouveau standard de nos entraînements. D’autant que le retour à la réalité post-Covid a été rude, en particulier pour Peloton, jonglant entre rappels de produits, failles de sécurité, et soubresauts internes. Et c’est sans compter sur le retour en force de nos vaillantes salles de sport de quartier qui se démarquent comme des lieux essentiels de socialisation, combattant ainsi la solitude grandissante. Le flagship de Fitness Park à Saint Ouen fait figure de pionnier avec son "œuf" myeggO, créant des avatars 3D réalistes pour des objectifs personnalisés. Est-ce l'aube d'une nouvelle ère du "quantified self" ? Du tapis de yoga connecté au pantalon vibrant qui entend remplacer la présence d’un prof, du t-shirt optimisant la respiration aux chaussettes agissant comme des stimulateurs cardiaques - chaque innovation propulse le sport vers un nouveau niveau d'expérience.
Gym et Gemmes
Et pourtant, les expériences les plus marquantes ne sont pas toujours les plus sophistiquées. Optant pour une approche low-tech, certaines salles utilisent le digital juste pour fluidifier les inscriptions et découvertes. Des applications en plein essor, comme Gymlib ou ClassPass - de plus en plus financées par les comités d'entreprise - offrent, via un abonnement mensuel, un accès à des milliers de cours, mettant en lumière des activités jadis nichées. Cela permet aux professionnels de focaliser sur leur véritable mission : proposer une expérience unique et inédite.
Il faut reconnaître que, côté expériences, le choix est vaste, surtout à Paris. Ces derniers mois, j'ai écumé une série d'activités étonnantes voire improbables : disciplines circassiennes (hammock, cerceau aérien, tissu), natation sirène, aqua-cross sur une péniche parisienne, cours de heels cabaret sous l'égide d'ex-danseuses du Crazy Horse, kangoo jump, primal moves, sans oublier, Mon Cul Club - où, comme le slogan le précise, on 'sculpte son cul dans une boîte de nuit'. Véridique.
Dans cet écosystème en pleine effervescence, des pépites comme la start-up française EXO, sortent du lot. En partenariat avec plus de 150 salles parisiennes, EXO injecte du fun dans l'effort avec un concept malin : des QR codes transformant vos sueurs en cadeaux de marques partenaires. "Rendre l'effort sportif amusant et interactif est la clé pour stimuler les nouvelles générations," assure Bastien Lachambre, cofondateur d'EXO.
L’Art de vivre … en mouvement
Et ce n'est pas tout. Le fitness devient un véritable carrefour d'innovation, où culture, apprentissage, éthique et bien-être mental se rencontrent. Visualisez-vous en pleine séance de yoga, entouré de chiots craquants : voilà le Puppy Yoga, une pratique saluée pour ses bienfaits sur le corps et l'esprit. Puis, il y a l'ApiYoga, qui entend “tisser une toile philosophique entre l'homme et la société des abeilles”, le tout rythmé par le doux bourdonnement des butineuses. Fibrilles, de son côté, offre une expérience singulière : quand l'art rencontre le sport. Vincent Leyrat, l'architecte de ce concept, éclaire sa démarche : “Nos souvenirs lors d'une visite de musée, d'une lecture de livre ou d'une rencontre sont souvent plus vifs que l'œuvre elle-même. Avec Fibrilles, l'œuvre s'anime, en nous et autour de nous.” En effet, l'idée d'associer apprentissage et fitness gagne du terrain. On sait que nos capacités de mémorisation sont décuplées lors d'un exercice aérobie modéré, une condition liée à certains rythmes cardiaques favorisant la rétention d'informations. Dès lors, pourquoi ne pas intégrer des cours d'apprentissage à nos séances de sport ? Cela pourrait non seulement dynamiser nos entraînements, mais aussi renforcer notre capacité à acquérir et retenir de nouvelles connaissances. Un pas de plus vers une expérience holistique.
Cette évolution du fitness ouvre des opportunités inédites pour les marques, qui n'ont alors plus qu'un pas à franchir pour s'intégrer de manière innovante dans cette tendance grandissante du sport à la fois mental, instructif et culturel. Historiquement dominé par des noms célèbres comme Nike, Adidas ou Lululemon, qui ont su créer des communautés fortes, le paysage est désormais ouvert à toute une génération de marques innovantes, dépassant le cadre traditionnel du sport.
Que diriez-vous après avoir dégusté des chips inspirées par le "Mangeur de pommes de terre" de Van Gogh, ou vous être fait tatouer un Rembrandt au pop-up store du musée d’Amsterdam, de gambader dans des champs de coquelicots façon Monet ? La technologie peut aussi venir sublimer l’expérience : prenez cette salle immersive coréenne où votre ombre, sculptée par l'IA, s'anime dans un ballet d'ombres, le lieu entier réagissant à vos gestes et à la lumière que vous émettez.
Une récente étude de Wunderman Thompson mettait l'accent sur la nécessité de ré-enchanter le consommateur. À n'en pas douter, cette nouvelle ère du fitness a de quoi émerveiller et électriser. Dites adieu à l'ancien refrain 'Je n'aime pas le sport'. L'ère Fit'astic est à l'horizon, prête à renverser tous vos préjugés.
MD
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