Les fêtes de fin d’année, le sapin, les cadeaux … à ce propos, avez-vous récemment effectué un achat en ligne ? Sur un site proposant une expérience technologique 360° exclusive ? Le genre paillettes et strass dans les yeux ? Passé l’effet de surprise et l’aveuglement transitoire, on réalise que, décidément, toutes les expériences ne se valent pas : sans sombrer dans les banalités, parfois le mieux est vraiment l’ennemi du bien.
Virtual shop, le réel sans le réel
Dans cette jungle exubérante, il est un spécimen qui me laisse perplexe : la boutique virtuelle, aka - prononcez à l’anglaise c’est plus trending - le “Virtual Shop”. Le concept ? Retranscrire à l’identique la boutique physique en boutique en ligne. Concrètement, qu’est-ce que ça donne ? Un mimétisme surprenant du réel ... sans le réel, et c’est bien ça le problème. Ajoutons à cela une esthétique léchée d’une froideur médicale, un tempo de visite piano piano, voire staccato, des lourdeurs et bugs techniques en cascade, surtout si vous avez le malheur de zoomer/dézoomer (vous savez, mobile, ipad et tout ça). Mais sans nul doute, les budgets eux sont forte, forte !
Vous voyez le genre ? Attention, je ne dis pas que le 360° est sans intérêt. Ce format possède plusieurs atouts, notamment sur des fiches produits, mais de là à en faire un magasin entier ? Expérimentez la chose ici avec Charlotte Tilbury, ou encore Lancôme. Y aller une fois, oui, pourquoi pas ; c’est étonnant, amusant. Mais y retourner régulièrement ... vraiment ? Et acheter ? Quelle idée saugrenue ! Sur la boutique virtuelle Dolce Gabbana, un seul appel à l’action : “Booker un RDV en magasin”. Assez déceptif, non ? Du retailtainment, certes, mais il s’agit surtout d’infuser de la vie, de l’humain… pas de retranscrire une boutique physique privée de la plénitude des sens - dans le meilleur des cas avec un mannequin et une voix pré-enregistrée - aussi colorée et féerique soit-elle.
Capture d’écran de la boutique virtuelle Charlotte Tilbury
E-commerce en live : le parfait alliage ?
Pour l’heure, il y a pourtant bien des choses à faire en ligne, je vous en ai du reste parlé à plusieurs reprises en insistant sur l’importance du vendeur, d’amis, d’influenceurs … bref il faut de l’HUMAIN. Plusieurs exemples que j’apprécie ?
Canada Goose ou MM Lafleur avec leurs sections “RDV” : vous renseignez un questionnaire ; le jour J, un vendeur vous accompagne en vidéo et en temps réel, choisit le/les produits avec vous, compare, discute. Je me répète : il faut de l’accompagnement, de l’écoute. Voici ce dont les consommateurs ont besoin, pas d’une visite dans un labyrinthe pop néon saccadé.
Showfields, auto-proclamé “la boutique la plus intéressante au monde”, est en substance un site ecommerce de curation de marques d’exception dénichées aux quatre coins du monde pour leur aspect extraordinaire, inspirationnel, atypique voire éthique. Et pour faire découvrir ces raretés, “l’expérience Showfield” : des tours virtuels en video chat ou RDV personnalisé et exclusif en magasin … plus une section dédiée à des sessions de curation live proposées et hostées par “les meilleurs curateurs” à travers le monde.
Le live ne se cantonne pas qu’au digital, il peut même redéfinir le magasin physique. C’est en tout cas le pari de la marque BeautyCounter. Comme le relate le média Fast Company, lorsque vous passez devant le magasin situé sur le Abbot Kinney Boulevard à Los Angeles, une grande enseigne s’illumine à chaque fois qu’on y enregistre en direct, façon studio radio à l’ancienne. À l’intérieur, le magasin traditionnel, à l’arrière une scène éclairée et sonorisée par un équipement professionnel.
Tout au long de la journée, les employés de Beautycounter transmettent en direct sur une plateforme appelée Bambuser ( que j’ai déjà mentionnée il y a quelques mois, ici) elle-même diffusée sur le site web de la marque dans une section live dédiée, avec des live streams shoppings, des tutoriels, des vidéos éducationnelles et bien-être au sens plus large. Pour ne rien rater, vous pouvez vous inscrire aux alertes. Si un client voit un produit qui lui plaît, il peut cliquer pour en consulter la page.
L’enseigne souhaite également que d'autres membres de sa communauté utilisent le studio. Elle dispose d'un réseau de 50 000 consultants indépendants qui vendent souvent ses produits via Instagram ou Facebook. Si un consultant se trouve à L.A., il peut passer par le magasin pour filmer le contenu ; les influenceurs, actrices et autres célébrités sont également les bienvenus.
En réel comme en ligne, le magasin doit demeurer ouvert à tous, animé et innovant. Moins de bling-bling, plus de proximité, du conseil et de l’écoute. Des nouvelles sections par défaut sur les sites tel “Live”. Bref, pas besoin de réinventer la roue, ou en tout cas pas forcément à 360°…
Bonne semaine à tous !
Marie
PS - Énorme merci à Lawrence Taylor qui m’a inspiré ce petit billet un peu plus senti que d’habitude.
💎 Snippets, curiosités et autres coups de cœurs
😬 “Storification du web” … ce n’est que le début.
🤪 WTF - Un peu distrait ? Travailler chez vous vous semble difficile ? Embauchez une nounou de productivité.
🤔 Instagram le nouveau Google pour les 18-29 ans ? Lire la tendance n°2.
👀 Playlistify. Faites une phrase et créez une liste de lecture Spotify à partir de celle-ci.
🤔 Wellness Pepsi… vous avez dit bizarre ?
😜 Cette année, le rapport Pinterest Predicts est fascinant. J'ai découvert le concept des "bains spirituels" et "le rituel du bain de la pleine lune". Je n'ai donc pas été surprise lorsque j'ai lu que la marque Four Sigmatic organisait un Zoom "Bain du solstice".
👏 Le tweet de la fin…
@Marie, un excellent contenu. Cela m'a permis d'analyser dans le détail les tendances 2021 Pinterest (le miel épicé...), la stratégie direct-to-consumer de PepsiCo avec leur kit Spa... Super !