La révolution du 90-9-1
Sur Internet, la règle informelle du 1 % s'est longtemps manifestée ainsi : seulement 1 % des utilisateurs créent activement du contenu, 9 % participent parfois, et 90 % se contentent de lire. Cette dynamique, qui semble modeste en apparence, a pourtant été suffisante pour engendrer le phénomène de "content shock", théorisé par Michael Schaefer en janvier 2014. Schaefer anticipait qu'avant 2020, la quantité de contenu produite dépasserait de loin la capacité des gens à le consommer.
Mais Schaefer n'avait pas intégré dans son équation l'arrivée de l'IA générative, qui promet de démultiplier ce content shock... par mille millions ? Cela semble exagéré, pourtant c'est bien de cette ampleur qu'il s'agit. Visualisez un monde où, armé de l'IA, chaque individu se transforme en une véritable fabrique de contenu, capable d'engendrer en une poignée de secondes ce que les efforts humains produiraient en heures. Et cela va même au-delà : il suffit de constater la vitesse fulgurante à laquelle ces IA génératives évoluent et se perfectionnent…
UGC sous stéroïdes
Si vous doutez encore de l'ampleur de ce changement, observez les indices qui s'accumulent. Les commentaires, pilier du contenu généré par les utilisateurs (UGC), en sont un exemple parfait. Ils marquent souvent les premiers pas de l'affirmation personnelle en ligne, et parfois même, le point de départ vers de plus grandes créations.
De nos jours, on observe une tendance croissante des marques à élaborer des stratégies poussées autour des sections commentaires. De fait, les fonctionnalités évoluent rapidement : Instagram expérimente avec des sondages intégrés aux commentaires, YouTube teste de nouvelles options pour permettre aux créateurs de "Shorts" de répondre par vidéo aux commentaires sur les chaînes d'autres utilisateurs, et sur LinkedIn, les articles collaboratifs prennent leur envol.
Parfois, la révolution surgit là où on l'attend le moins. Prenons l'exemple d'une mère insatisfaite des contes disponibles pour son fils. Au lieu de se résigner, elle se tourne vers une intelligence artificielle, Sudowrite, initialement conçue pour les journalistes/ écrivains, pour créer son propre récit d'aventure. Cette anecdote esquisse un futur à deux vitesses : tandis qu’un nombre croissant des créateurs - de journalistes à scénaristes en passant par les artistes - s'opposent à l'IA, cherchant à protéger l'âme de leur création artisanale, une nouvelle génération de lecteurs pourrait au contraire l'adopter avec enthousiasme, la voyant comme un outil pour façonner précisément les récits qu'ils désirent. C’est l’avènement du Selfpressionnisme.
Ce constat m’amène à une réflexion plus large.
In curation we trust
Naviguer dans cet océan de contenu protéiforme, atomisé et surabondant, se transforme en un parcours du combattant. Pourtant, dans le contexte actuel, rester informé est essentiel ; c'est la clé pour réagir rapidement et prendre des décisions pertinentes à tout instant. Les leaders modernes doivent connaître le zeitgeist. Comme l'évoquait Eric Hoffer, “ce sont les apprenants qui façonnent l'avenir. Ceux qui sont déjà instruits se retrouvent souvent équipés pour un monde qui n'existe plus.”
C'est dans cette dynamique que s'inscrit Capsule, une application d'actualités focalisée sur les tendances, les signaux faibles et les nouvelles qui façonnent le monde. Sa mission ? Offrir une vision alternative et élargir les perspectives, en répondant à la question cruciale : "Dans quelle direction évolue le monde ?" Allant bien au-delà d'un simple agrégateur de gros titres, Capsule promet de déceler les insights souvent dissimulés, que ce soit dans un article dense de 10.000 signes souvent lu en diagonale, un commentaire sur Instagram, un chiffre qui donne matière a réflexion, ou encore une idée partagée dans le dark social (c'est-à-dire les conversations privées sur Whatsapp Telegram & Co.)
Comment y parvient-elle ? Chaque jour, une trentaine de "capsules" émergent, couvrant un large spectre, du mainstream media à la niche. Elles sont sélectionnées par une équipe de curateurs répartis aux quatre coins du monde. Au-delà de la détection des macro-tendances, l'importance réside souvent dans la capacité à adopter une perspective unique - celle de penser quelque chose que personne n'a encore pensé de quelque chose que tout le monde a vu. C'est ce mindset particulier qui leur permet de détecter les signaux faibles. Ainsi, ces curateurs naviguent avec finesse, captant l’essence au cœur du bruit.
Lors de ma conversion avec Arthur de Villemandy, cofondateur de Capsule, je l’ai naturellement interrogé sur les astuces de ses curateurs. Avec beaucoup de lucidité, il m'a répondu : "La curation ne réside pas dans l'accumulation, mais dans l'art du non-choix. Ce qui compte vraiment, c'est la cohérence globale de ce qui est retenu" Ce passage du FOMO (fear of missing out) au NOMO, (necessity of missing out) est peut-être la clé d'une gestion de l'information plus saine et plus consciente à l'ère de l'infobésité. Le NOMO, dans son essence, n'est pas une privation, mais une délivrance. Choisir, c'est accumuler. Omettre, c'est se libérer.
MD
Le Sphinx!
Totally insightful and there is another result of this same dynamic. Le résultat d’une arrivée en sunami du contenu généré par l’IA générative pressent l’arrivée d’une « guerre des ondes » pour les moteurs de recherche. L’IA générative saura manipuler l’algo du moteur pour que son contenu soit au top de la liste des choix - d’ailleurs les algos font déjà l’objet de manipulations sophistiquées depuis un bon bout de temps alors et l’IA fera mille fois mieux. Google Search deviendra le Speaker’s Corner de Hyde Park plutôt qu’une source « légitime » d’informations utiles à une recherche. Cela voudra dire que les outils de recherche devront évoluer (une belle start-up en vue !) et que le recrutement des armées de curateurs nécessaire pour écarter les fake IA news ne fait que commencer – pour le coup l’IA va générer de l’emploi !