Le social s’est perdu dans le social
Dans l'ère 'sociale' propulsée par Facebook et consorts naissent de nouveaux récits de nos quotidiens : pour mieux nourrir ces espaces d'intimité publique, nous refaçonnons notre réalité. Une habitude qui suggère que la valeur de notre existence se mesure à notre aptitude à transformer celle-ci en contenu numérique. Dans ce contexte, même le 'lurker' devient significatif en s'inscrivant dans une réalité numérique surveillée de manière panoptique. Chaque geste, qu'il soit actif ou passif, est influencé par un regard collectif (in)visible, supposant que notre existence prend essentiellement sens au travers de son reflet digital.
Cette réalité, bien que délétère pour notre santé mentale, ouvre pourtant la porte à des opportunités de marché. BeReal a été parmi les premiers à s'engouffrer dans la brèche. Sa proposition de valeur ? Encourager des prises de vues "spontanées", capturées à un instant T, pour favoriser des moments de connexion plus authentiques et mieux maîtriser sa déconnexion. Suffisant pour réinjecter du social dans le social et dissiper la 'nowstalgie' d'une vie vue à travers les filtres des écrans ? Pas sûr.
Évaluer et partager la résonance émotionnelle
Car renouer avec l'essence du lien social invite à une double réflexion. En partant du principe que nos difficultés à établir des connexions sincères avec autrui proviennent de notre propre déconnexion intérieure, le précepte socratique du "Connais-toi toi-même" n’a jamais été aussi contemporain. Une considération à laquelle s’ajoute la nécessité de réévaluer notre approche des réseaux sociaux dans la mesure où les publications, transformées en actes déclaratifs filtrés et contrôlés, nous éloignent de l'authenticité.
Imaginons une alternative : l'adoption de réseaux sociaux intégrant wearables et bio-moniteurs, offrant des contenus appuyés par la bio-data et les neurosciences. Bref, se faisant l’écho de notre véritable être. Utopique ? Loin de là. Preuve en est avec : Best. Tuesday. Ever, une application de fitness émotionnel élaborée par Immersion Neuroscience.
Tirant parti de deux décennies de recherches en neurosciences, l'app propose d’analyser les réactions cérébrales et de prédire les expériences les plus motivantes pour chaque individu en s'appuyant sur des marqueurs tels que l'ocytocine et la dopamine.

En exploitant la photopléthysmographie (PPG) via les capteurs des montres connectées, Best. Tuesday. Ever assure une observation continue des signaux corporels. L'analyse de ces données en temps réel dévoile des variations subtiles, précurseurs de comportements futurs. Cette technologie permet à l’app d'évaluer la résonance émotionnelle et le niveau d'attention durant diverses expériences, offrant une immersion basée sur des faits concrets.
Et ce n'est pas tout. L'application facilite également le partage de ces indicateurs dans une multitude de contextes sociaux et professionnels. Que ce soit pour le leadership, le coaching ou le soutien, l'application rend possible une communication transparente de nos états émotionnels. Ce partage innovant de données biométriques ouvre de nouvelles voies pour comprendre et renforcer les liens, en offrant un aperçu tangible du bien-être émotionnel.
Human-beat as a service
Attendez-vous donc à une multiplication des wearables et à la découverte de nouvelles données et “fréquences” humaines, parfois même aux confins de notre inconscient et de notre subconscient.
Ces observations renforcent ma conviction quant au pouvoir transformateur de la technologie et de l'IA générative, des outils capables de nous permettre de mieux nous connaître et, sans nul doute, de fortifier notre humanité. Un chiffre a récemment attiré mon attention : une étude menée sur le chatbot Replika a révélé que ce dernier était utilisé par 90% de personnes se sentant isolées. Parmi elles, un certain nombre a convenu que cet outil conversationnel remplaçait leurs interactions avec d’autres êtres humains. Mais, fait intéressant, trois fois plus de répondants ont déclaré que Replika, bien au contraire, les aidait à augmenter leurs interactions avec leurs pairs. Par ailleurs, 3% des utilisateurs ont spontanément signalé que la plateforme avait stoppé leurs idées suicidaires.
Il y a quelques mois, on pouvait lire un peu partout : "Le Chief Marketing Officer est mort !". Ces déclarations théâtrales d'obsolescence m'amusent beaucoup. Cette fois pourtant, l'affirmation touche à une réalité sous-jacente. À une nuance près : ce n’est peut être pas le Chief Data Officer qui prendra la relève du CMO mais bel et bien le Chief Neuro Officer.
MD
J'ai récemment été invitée sur le plateau de Magma pour discuter des tendances 2024. Mais d’abord, c’est quoi une bonne tendance ? Voici un extrait.
Merci Marie ! En droite ligne avec le succès du podcast d'Andrew Huberman et les épisodes qui abordent ce sujet !